giovedì 16 aprile 2009

Sul terremoto



Poème sur le désastre de Lisbonne de François-Marie Arouet, dit Voltaire

Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable !

Ô de tous les mortels assemblage effroyable !
D'inutiles douteurs éternel entretien !
Philosophes trompés, qui criez : Tout est bien ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants, l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans recours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: « C'est l’effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix »?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
« Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes »?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?
Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes,
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes.
....

Poveri umani! e povera terra nostra!
Terribile coacervo di disastri!
Consolatori ognor d'inutili dolori!
Filosofi che osate gridare tutto è bene,
venite a contemplar queste rovine orrende:
muri a pezzi, carni a brandelli e ceneri.
Donne e infanti ammucchiati uno sull' altro
sotto pezzi di pietre, membra sparse;
centomila feriti che la terra divora,
straziati e insanguinati ma ancor palpitanti,
sepolti dai lor tetti, perdono senza soccorsi,
tra atroci tormenti, le lor misere vite.
Ai lamenti smorzati di voci moribonde,
alla vista pietosa di ceneri fumanti,
direte : è questo l’effetto delle leggi eterne
che a un Dio libero e buono non lasciano la scelta?
Direte, vedendo questi mucchi di vittime:
fu questo il prezzo che Dio fece pagar pei lor peccati?
Quali peccati ? Qual colpa han commesso questi infanti
schiacciati e insanguinati sul materno seno?
La Lisbona che fu conobbe maggior vizi
di Parigi e di Londra, immerse nei piaceri?
Lisbona è distrutta e a Parigi si balla.
Tranquilli spettatori, spiriti intrepidi,
dei fratelli morenti assistendo al naufragio
voi ricercate in pace le cause dei disastri;
ma se avvertite i colpi avversi del destino,
divenite più umani e come noi piangete.
Credetemi, allorquando la terra c’inghiotte negli abissi
innocente è il lamento e legittimo il grido
....

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